MANIFESTE : UN LIEU STRATÉGIQUE

Outre le fait que la discussion sur le maintien de l’aéroport de Deurne doit s’inscrire dans le cadre d’un débat plus large sur l’avenir de l’aviation, nous souhaitons, dans ce manifeste, mettre en lumière l’énorme potentiel de cet endroit sous différents angles.

UNE HISTOIRE ÉCONOMIQUE BOÎTEUSE

Nous ne pouvons évidemment pas séparer un débat sur l’aéroport de Deurne de son contexte économique. Depuis 2014, l’aéroport est géré dans le cadre d’une forme de coopération entre une partie publique et une partie privée. L’infrastructure et l’entretien sont assurés par une société publique de développement de l’aviation, créée par le gouvernement flamand. L’exploitation est assurée par la société privée française Egis dans le cadre d’un contrat de concession qui court jusqu’en 2039. Cette forme de coopération a permis d’augmenter le nombre de passagers au cours de la période de préparation, principalement grâce aux vols touristiques. Cependant, de nombreuses lignes se sont avérées non rentables, ce qui a entraîné toute une série d’annulations de vols. L’exploitation de l’aéroport n’est pas non plus rentable : Egis, sans tenir compte des subventions publiques substantielles, enregistre des pertes année après année jusqu’à présent. D’un point de vue économique, l’aéroport de Deurne n’a plus de raison d’être. Le déséquilibre entre les coûts d’entretien de l’infrastructure et la rentabilité de l’aéroport le démontre. De plus, l’aéroport est actuellement menacé d’une enquête de la Commission européenne. Celle-ci doit décider si l’argent des contribuables flamands, investi année après année dans l’aéroport sous la forme de subventions d’investissement et d’exploitation, ne constitue pas une aide d’État illégale. La “raison d’être” de l’aéroport en tant qu’aéroport d’affaires, invoquée par les partisans de l’aéroport, est également de plus en plus remise en question. Des chiffres récents montrent que l’importance des vols d’affaires ne cesse de diminuer. En 2017, le nombre de voyageurs d’affaires au départ et à destination d’Anvers ne représentait plus que 6 % du nombre total de passagers. Avec la disparition de son identité établie en tant qu’aéroport d’affaires, le fondement de l’existence de l’aéroport de Deurne disparaît en partie.

UN ÉNORME POTENTIEL ÉCOLOGIQUE

L’aéroport est situé à un point de liaison important entre la ville et la périphérie verte d’Anvers. À côté du Ter Rivierenhof, il s’agit de l’un des derniers espaces ouverts pouvant être utilisés comme élément d’une solide colonne vertébrale verte. Un endroit qui a le potentiel de devenir une nouvelle connexion écologique. Un coup d’œil sur la carte montre un certain nombre de doigts verts (les Oude Landen, la zone verte Rivierenhof, l’aéroport avec des ramifications vers Vremde, les parcs dans le triangle Berchem-Wilrijk-Kontich et le Hoboken Polder), l’aéroport de Deurne étant le plus grand. Aujourd’hui, ce qui apparaît comme un doigt vert sur la carte forme une barrière dans le paysage. Le site de l’aéroport est désormais un endroit inaccessible et clôturé qui tourne le dos à son environnement.

Les doigts verts constituent une adaptation climatique indispensable à la ville, tant pour les courants d’air rafraîchissants que pour la collecte de l’eau. Il sera essentiel à l’avenir de sauvegarder ces zones et de protéger l’épine dorsale douce de la ville. En outre, des cartes historiques montrent que le site a joué un rôle important dans la gestion de l’eau et dans l’amortissement de l’eau. En outre, le site est une porte d’entrée vers la ceinture de forteresses d’Anvers, qui reste à ce jour peu explorée. L’ambition de relier les forteresses par un itinéraire récréatif existe pourtant depuis longtemps. C’est un lieu qui peut restaurer le lien entre la ville et la campagne et offrir un espace pour des expériences vertes et des fonctions publiques.

UN LEVIER DE DÉVELOPPEMENT URBAIN

Anvers grandit et s’étend, et la ville se rend compte qu’une grande partie de cette croissance devra être accueillie dans la ceinture urbaine du XXe siècle. Particulièrement dans la zone urbanisée en dehors du périphérique, et donc aussi à Deurne. Cela doit aller de pair avec la réalisation de nombreuses nouvelles places centrales plus petites où se rejoignent diverses fonctions publiques et qui sont qualitativement connectées à la ville via des modes de transport durables. Bref, la périphérie urbanisée doit devenir plus dynamique d’une part et mieux connectée au centre-ville d’autre part. La zone autour de l’aéroport s’est révélée dans diverses analyses comme un emplacement clé possible pour la création d’un centre local avec de nouvelles installations et fonctions.

L’expansion de la ville au XXe siècle a été déterminée par les infrastructures et caractérisée par l’étalement. Il est grand temps d’adopter un nouveau paradigme dans lequel la ville est conçue à partir des réseaux bleu-vert existants. Le site aéroportuaire, en tant que point vert sur la carte, peut jouer un rôle exemplaire dans la problématique de densification urbaine du XXIe siècle. Lorsque nous condensons et abandonnons l’espace personnel, il y a un besoin de plus et de meilleurs espaces ouverts communs et de lieux avec un programme et des installations publics. Ce site peut devenir la zone où nous voulons créer cet équilibre d’espace public vert chargé en contrepoids au centre-ville gris.

UN MAILLON D’UN SYSTÈME DE MOBILITÉ DURABLE

L’époque où l’aviation était le symbole absolu de la liberté, du modernisme et de l’avenir est bien révolue. Il est donc temps que les arguments et les considérations rationnels prennent le pas sur la nostalgie profonde et sur l’idée qu’une ville comme Anvers “a besoin de son aéroport pour jouer le jeu”. Dans un rayon de 100 km autour d’Anvers, outre l’aéroport de Deurne, il y a au moins 5 autres aéroports (Brussels Airport, Charleroi Airport, Kortrijk-Wevelgem, Eindhoven Airport et Rotterdam Airport). En outre, il existe une liaison ferroviaire directe entre Anvers Central et Brussels Airport, ce qui signifie un temps de trajet garanti d’à peine 31 minutes. De plus, il existe également une connexion directe avec l’aéroport de Schiphol et, si l’Eurostar s’arrête à Anvers, Londres est également accessible de manière durable.

Une politique de voyage plus durable dans le cadre d’une politique climatique globale est donc une priorité. Dans ce cadre, l’accent est mis non plus sur l’aviation, mais sur un réseau durable de trains et de bus sur lequel Anvers peut s’appuyer. Un nouvel avenir pour le site de l’aéroport pourrait inclure la connexion des quartiers autour de la ville dans son histoire. En outre, l’aéroport de Deurne est stratégiquement situé, offrant l’opportunité de jouer un rôle clé dans un système de transport doux et durable, en mettant l’accent sur les cyclistes et les piétons. Ceci en créant une continuité dans l’axe concentrique entre les différents quartiers, et en travaillant sur une nouvelle colonne vertébrale entre le centre ville et la zone périphérique.

(Traduit en français à l’aide de DeepL par Jos van Dijk)